dimanche 25 novembre 2007

Le baril de pétrole à 200$ : une aubaine pour l'environnement ?

Le prix du baril de pétrole a frôlé les 100$ la semaine dernière ( 23/11/07). Ajouter les tensions politiques, les effets de la spéculation, la croissance soutenue de la Chine et de l'Inde et vous avez tous les ingrédients pour faire flamber les prix du pétrole ! Alors... Le pétrole à 200$ : une catastrophe économique ou une aubaine environnementale ?

Selon un principe de base en économie, toute chose étant égale par ailleurs, l'augmentation de prix de n'importe qu'elle produit à pour conséquence d'en diminuer la demande. Ce principe découle de deux facteurs : certains consommateurs du produits ne pourront plus se permettre de payer, et surtout, l'augmentation de prix favorise la recherche de produits alternative pour les demandeurs de se produit en question.
Avec un prix du baril en dessous de 40$, comme cela était le cas depuis la découverte du premier gisement de pétrole jusqu'en janvier 2005, il est difficile de justifier des investissements dans des techniques de production d'énergie plus coûteuses. Avec un baril à 100$, de nombreuses sources d'énergies alternatives deviennent particulièrement intéressantes. Si pendant longtemps l'énergie éolienne, l'énergie à partir de la biomasse ne représentaient que des gouffres financiers, ce type d'alternative représente aujourd'hui des sources d'énergie particulièrement crédible, leur niveau de rentabilité baisse autant que le prix du pétrole monte. Si demain, le prix du baril montait à 1 000$, tout le monde pourrait installer des panneaux solaires sur son toit et réaliserait d'importantes économies sur sa facture de chauffage, d'électricité et d'énergie en général. En conclusion : un pétrole à 200$ et la planète ne fonctionnera qu'avec des sources d'énergie non polluante ?

Et bien, pour l'instant... pas tout à fait !

Pour illustrer ce paradoxe, il suffit de présenter deux cas en particulier : les sables bitumineux au Canada, et l'utilisation des "biocarburants"

Le Canada dispose d'énorme réserve de pétrole ! Mais... il ne s'agit pas de gisement comme ceux du Moyen Orient.. Au Canada, le pétrole se trouve diluer dans la roche, ou plutôt dans du sable. En Arabie Saoudite, il suffit de forer un puit de quelques mètres de diamètres et de pomper le pétrole, rien de plus simple. Au Canada, il faut d'abord commencer par raser des kilomètres carrés de forêts. Ensuite, il faut ramasser le sable, et en extraire le pétrole grâce à un procédé chimique. Le problème : ce procédé est un des processus les plus polluants qui existent. Les déchets liés à cette méthode d'extraction sont non seulement énormes en termes de quantité mais tout aussi énorme en termes de pollution. Au Canada, produire un baril de pétrole à partir des gisements dans les sables bitumineux coûtent environ 40$.... depuis que le prix du baril frise les 100$ autant dire que la superficie des forêts de l'Alberta a diminué... à grande vitesse ! On comprend pourquoi Stephen Harper, le premier ministre du Canada, n'est pas un grand défenseur du protocole de Kyoto ! Certes, l'Alberta n'a jamais été aussi une province aussi riche... mais en même temps le Canada n'a jamais été un pays aussi pollué, et .. polluant !

Le deuxième aspect encore plus important qui vient réduire un peu l'espoir d'une baisse de la pollution grâce à une augmentation des prix du pétrole est celui des bio-carburants. Voici le concept : au lieu de brûler du pétrole pour faire de l'électricité ou faire avancer nos voitures, on peut brûler de l'éthanol, issu du maïs par exemple. La combustion du maïs est bien moins polluante que la combustion du pétrole ! Où est le problème ?

Le problème lié à l'utilisation de substance végétale pour produire de l'énergie ne vient pas de la pollution finale liée à la combustion du produit, mais bien à la pollution initiale de fabrication de ce produit. Pour produit autant d'énergie qu'un baril de pétrole... il faut beaucoup d'éthanol. Or pour produire ne serait qu'un peu d'éthanol, il faut beaucoup de maïs ! Aie ! Or, qui dit beaucoup de maïs dit une grande surface de terre à exploitée, une énorme quantité d'eau pour l'irrigation et finalement une grande quantité d'engrais pour assurer un certain rendement dans la production. En substituant l'éthanol au pétrole, on échange l'émission de CO2 par la pollution des terres, des nappes phréatiques etc... Est ce mieux ? Pas si sûre. Il faut être conscient d'un impact complémentaire : le maïs a pendant longtemps été considéré comme une denrée alimentaire. L'utilisation du maïs comme source d'énergie vient considérablement augmenter sa consommation générale... Plus de demande, une offre relativement stable... donc finalement un prix qui flambe ! Là, c'est tout un cercle vicieux qui se met en marche ! Si les prix des denrées alimentaires viennent à augmenter considérablement, c'est tout un paradigme de consommation qui vient de changer. Arrivera t'il un jour, où nous devrons faire un arbitrage entre utiliser du blé, du maïs, do colza, du soja pour la production d'énergie ou pour l'alimentation ?

Finalement, l'augmentation du prix du pétrole n'est pas une aubaine à lui tout seul. Pourtant, il faut admettre, que face à notre consommation exponentiel d'énergie, une solution existante présente de nombreux avantages : le nucléaire. La production d'électricité et d'énergie à partir du nucléaire est une des méthodes à la fois particulièrement efficace en terme de valeur énergétique et particulièrement efficace en termes de pollution. Si le développement du nucléaire est vital aujourd'hui pour répondre à nos besoins énergétique, il doit aussi être accompagné d'un réveil des consciences sur les risques qu'il comporte. Le risque du nucléaire est avant tout un risque humain. La catastrophe de Tchernobyl nous a montré la puissance du danger que représente la mauvaise gestion du nucléaire. Le bombardement de Nagasaki et de Hiroshima nous a convaincu des dérives de l'utilisation du nucléaire dans la sphère militaire. L'énergie nucléaire peut à la fois sauver notre société et son mode de fonctionnement en nous fournissant une énergie abondante et peu polluante. L'énergie nucléaire pour aussi nous mener à notre perte si nous ne somme pas prêt à gérer sa spécificité. Alors... sommes nous prêt ?

Aucun commentaire: